Nouvelles. Le Dalí plus classique en Pise

Pise, le 29 Septembre 2016

Aujourd'hui l'exposition temporaire Dalí. Il sogno del classico a été présentée à Rome. Elle sera visible du 1er octobre jusqu'au 5 février 2017 au Palazzo Blu, en Pise.

L'exposition est consacrée à l'influence du classicisme italien sur l'œuvre de Dalí. Elle a pour commissaires Montse Aguer, directrice des Musées Dalí de la Fundació Gala-Salvador Dalí, et Thomas Clement Salomon, coordinateur scientifique de Mondo Mostre, institution organisatrice.

Contenu de l'exposition Dalí. Il sogno del Classico

Cette exposition met tout particulièrement l'accent sur l'importance que revêtent l'Italie (que Dalí et Gala visitèrent à de fréquentes reprises) et la Renaissance dans l'œuvre de Salvador Dalí. Elle comprend 149 œuvres allant de 1945 à 1982 : 145 provenant de la Fondation Dalí, 3 de The Salvador Dalí Museum de Saint Petersburg (Floride) et 1 des Musées du Vatican. Il s'agit de 22 toiles, 100 estampes de la série Divine Comédie et 27 illustrations pour L'Autobiographie de Benvenuto Cellini.

Elle a pour noyau central une sélection d'huiles très peu connues, dont quatre sont inédites : S/T. D'après « Garçon accroupi » de Michel-Ange, S/T. Moïse d'après « Tombeau de Jules II » de Michel-Ange, S/T. Christ d'après « Pietà di Palestrina » de Michel-Ange, et S/T. Julien de Médicis d'après « Tombeau de Julien de Médicis » de Michel-Ange. Elles figurent parmi ses dernières créations des années 80, où l'artiste réinterprète à la manière dalinienne les chefs-d'œuvre de Michel-Ange. Présentées pour la première fois comme un ensemble stylistique et thématique, ces œuvres permettent un examen fouillé de la technique et des connaissances du Dalí de l'époque, et reflètent en quoi ses préoccupations continuent de se traduire par une expression artistique. Ceci nous ouvre les portes de la dernière étape du peintre, jusqu'ici plutôt méconnue, mais porteuse d'une idéologie dalinienne tout à fait particulière, moyennant une expressivité visant la persistance du processus de création et la quête de l'immortalité. En revisitant les œuvres de Michel-Ange, Dalí travaille d'une part avec un respect absolu pour la tradition et le passé, d'autre part avec la conscience de la nécessité de les dépasser grâce à une innovation tendue vers la contemporanéité.

Depuis son exclusion du groupe surréaliste, au début des années 40, le peintre catalan s'est fait le chantre d'une nouvelle posture classiciste et de défense de la Renaissance. Le champ des intérêts intellectuels de Dalí continue de s'étendre, à la manière d'un humaniste de la Renaissance. Dalí se considère comme le précurseur d'une nouvelle phase de cette période. C'est dans ce contexte que prennent place les illustrations destinées à l'Autobiographie de Benvenuto Cellini, un des artistes les plus influents de la Renaissance florentine, homme controversé dont le caractère rebelle le fascine, et les illustrations de la Divine Comédie de Dante Alighieri.

Cette exposition permettra également d'admirer des huiles provenant de The Salvador Dalí Museum de Saint Petersburg et une peinture des Musées du Vatican. Il s'agit d'œuvres réalisées par Dalí dans les années 50 et 60, exemplaires de la nouvelle étape mystique de l'artiste, les thématiques religieuses s'y fondant à l'inspiration des grands maîtres du passé.

Dalí et Michel-Ange

L'ensemble de toiles inspirées des créations de Michel-Ange correspond à la dernière période du Dalí peintre. Ce sont des œuvres réalisées courant 1982, peu avant et peu après la mort de son épouse et muse Gala, survenue en juin de la même année. La plupart appartiennent à la Fondation Dalí, ce qui nous permet d'effectuer une analyse significative du processus créatif et technique du peintre au cours de cette ultime étape. Dans ses dernières années, une fois de plus, Dalí se réinvente du point de vue stylistique.

Il reprend les personnages de Michel-Ange et les réinterprète : il les isole de l'environnement iconographique de leur créateur et les représente, seuls, en leur insufflant une force propre. Dalí emprunte aux sculptures et aux peintures de Michel-Ange la tension des corps titanesques doués d'une grande force musculaire et d'une structure colossale.

Avec ces œuvres, le peintre nous invite à entreprendre un voyage unique, en quête de son propre moi, de son ADN philosophique, artistique et humaniste.

L'étude des procédés techniques et de la méthode de travail de l'artiste vient corroborer que la réalisation de cet ensemble de peintures a été rapide. En un peu plus d'un an, Dalí a peint environ 25 œuvres dont la thématique est inspirée de Michel-Ange, en plus de 13 autres sur Vélasquez. À propos de ce moment vital et créatif de Dalí, Antoni Pitxot, premier directeur du Théâtre-musée Dalí, a eu cette réflexion tout à fait intéressante : « Il est pure expression, pure communication ».

Divine Comédie

Cette série est une commande de l'ancien Istituto Poligrafico dello Stato italien en vue de la commémoration des sept cents ans de la naissance de Dante. Dalí commença à y travailler à Cadaqués, l'été 1950, et termina deux ans plus tard les 102 illustrations exécutées avec un mélange de techniques, principalement l'aquarelle, la gouache et la sanguine, sur papier au format folio. Finalement, 100 illustrations furent reproduites entre 1959 et 1963 moyennant un procédé de photogravure en relief à trame xylographique. Pour cette exposition, les estampes sont divisées en trois volets correspondant aux trois chants : Enfer, Purgatoire et Paradis.

L'Autobiographie de Benvenuto Cellini

En 1945, Dalí reçoit de l'éditeur Doubleday & Company une commande pour réaliser les illustrations d'une nouvelle édition anglaise de The Autobiography of Benvenuto Cellini. La technique est ici l'aquarelle et l'encre de Chine sur papier. L'artiste choisit en toute liberté les moments du récit de Cellini qui lui permettent de développer au mieux sa capacité créative et sa fantaisie. L'artiste montre une grande admiration pour Cellini et pour son habilité dans de nombreux domaines artistiques. Cellini, qui avait été sculpteur, orfèvre et écrivain, incarne l'artiste multidisciplinaire auquel Dalí aspire. Cette série, Dalí l'apprécie tellement qu'il la gardera toute sa vie. C'est pour cette raison que la Fondation en conserve actuellement les originaux dans sa collection. Un choix de 27 illustrations sera visible dans le cadre de cette exposition.

Catalogue

Publié en italien par SKIRA, le catalogue comprend des textes de Montse Aguer, directrice des Musées Dalí, Lucia Moni et Carme Ruiz, du Centre d'études daliniennes, Irene Civil et Juliette Murphy, du service Conservation et Restauration de la Fondation Dalí, et Thomas Clement Salomon, coordinateur scientifique de Mondo Mostre. Les textes offrent de nouvelles perspectives sur l'influence du classicisme chez l'artiste, au long de sa vie. Ils s'accompagnent en outre de nombreuses photos inédites correspondant au matériel préparatoire et à des photos du peintre.