"Je surnomme mon épouse: Gala, Galuchka, Gradiva; Oliva, pour l'ovale de son visage et la couleur de sa peau; Oliveta, diminutif d'Oliva, et ses dérivés délirants: Oliueta, Oriueta, Buribeta, Buriueteta, Suliueta, Solibubuleta, Oliburibuleta, Ciueta, Liueta. Je l'appelle aussi Lionette, parce qu'elle rugit comme le lion de la Metro-Goldwyn-Mayer lorsqu'elle se fâche."
Gala (Kazan, Russie, 1894 - Portlligat, Girona, 1982)
Épouse et muse de Salvador Dalí, son véritable nom est Elena Ivanovna Diakonova. Femme mystérieuse et d'une grande intuition, elle sut reconnaître le génie artistique et créateur là où il se trouvait et elle fréquenta de nombreux intellectuels et artistes de son époque.
En réalité, nous savons bien peu de choses de ce personnage: elle a deux frères aînés, Vadim et Nicolai, et une sœur cadette, Lydia; elle passe son enfance à Moscou et son père meurt lorsqu'elle a onze ans. Plus tard, sa mère épouse un avocat, avec lequel Gala entretient de très bons rapports et grâce auquel elle peut recevoir une bonne éducation. C'est une étudiante brillante : elle termine ses études au lycée féminin M.G. Brukhonenko avec une très bonne moyenne et un décret du tsar l'autorise à exercer comme institutrice et à donner des cours à domicile. En 1912, la tuberculose dont elle souffrait depuis longtemps s'aggrave et sa famille décide de la faire entrer au sanatorium de Clavadel en Suisse, où elle fait la connaissance d'Eugène Grindel (qui serait connu plus tard sous le nom de Paul Eluard). Un âge similaire et le goût de la lecture les font se lier d'une grande amitié. En 1914, tous deux reçoivent leur bulletin de sortie du sanatorium et alors que Gala rentre en Russie, Eluard intègre le front ; mais, avant, ils se sont fiancés. En 1917, ils se marient, et en 1918 naît la fille unique de Gala, Cécile. Eluard, qui s'était déjà fait connaître comme poète et qui avait changé son nom, fréquente les avant-gardistes du mouvement surréaliste, surtout les créateurs de la revue Littérature : André Breton, Philippe Soupault et Louis Aragon. Gala assiste également à certaines de leurs réunions. En 1922, elle commence une relation avec Max Ernst qui est rompue en 1924. Max Ernst la peint sur de nombreux portraits. Il faut également souligner son amitié avec le poète René Char et, surtout, avec René Crevel.
En 1929 elle fait la connaissance de Salvador Dalí. Au mois d'avril, le peintre se rend à Paris pour présenter le film qu'il a réalisé avec Luis Buñuel, Un chien andalou, et c'est là que Camille Goemans, poète et galeriste belge, présente Dalí à Paul Eluard. Dalí les invite à passer l'été à Cadaqués. Goemans et sa compagne, René Magritte et sa femme, Luis Buñuel, Paul Eluard et Gala, avec leur fille Cécile, vont y faire un séjour. Lorsque le peintre fait la connaissance de Gala, il en tombe amoureux. Il écrit dans la Vie secrète : « Elle était destinée à être ma Gradiva (ce nom provient du titre d'un roman de W. Jensen, dont le personnage principal est Sigmund Freud ; Gradiva en est l'héroïne et elle permet la guérison psychologique du protagoniste), celle qui avance, ma victoire, mon épouse ». Gala restera toujours aux côtés du peintre. Dès lors, sa vie sera liée à celle de Dalí.
En 1948, Dalí et Gala rentrent des États-Unis, après huit ans d'exil. Dalí est reconnu dans son pays et son père a enfin accepté la relation de son fils avec une femme russe et séparée. Dès lors, les Dalí passent le printemps et l'été à Portlligat et l'hiver et l'automne entre New York et Paris.
En 1958, Dalí et Gala se marient religieusement au sanctuaire des Àngels, près de Gérone. En 1968, le peintre achète un château à Púbol, Gérone, pour Gala, auquel il ne peut accéder qu'avec l'autorisation préalable écrite de celle-ci. Entre 1971 et 1980, Gala y fait quelques séjours, toujours en été. En 1982, Gala y meurt et y est enterrée. Depuis l'année 1996, le château est ouvert au public comme Maison-musée Château Gala-Dalí de Púbol.